Babylone
Aïe-aïe-aïe, j’ai commencé à rêver de Babylone en redescendant chez moi. Il ne fallait à aucun prix que je me mette à rêver de Babylone juste au moment où je commençais à arranger quelques trucs. Si je me mettais à gamberger sur Babylone il allait se passer des heures sans que je m’en rende compte.
Je pouvais très bien m’asseoir dans mon appartement et tout d’un coup il serait déjà minuit, et alors là, ça y serait : j’aurais perdu mes maigres chances de remettre un peu d’ordre dans ma vie, ce qui, dans l’immédiat signifiait qu’il fallait que je trouve des balles pour mon pistolet.
La dernière chose dont j’avais besoin en ce moment c’était de me mettre à rêver de Babylone.
Il fallait que je résiste un peu à Babylone ; assez longtemps pour trouver des balles. J’ai fait un effort héroïque, en descendant l’escalier de cet immeuble moisi et galeux qui ressemblait à une tombe, pour tenir Babylone à distance.
Ça a été moins une pendant quelques instants, mais, au bout d’un moment, Babylone a fini par se fondre à nouveau dans les ombres et à s’éloigner de moi comme un nuage.
Je me suis senti un peu triste.
Je ne voulais pas que Babylone s’en aille.